Pages versus pajes

vendredi 24 décembre 2010

Oyeux Oël

du fin fond de mon coeur à vos choeurs !
 

jeudi 4 novembre 2010

le show " effroi "

purée , ça souffle !!!!!!!!!!!

jeudi 28 octobre 2010

Je suis mort et enterré

ça tombe bien  c'est la Toussaint !

dimanche 10 octobre 2010

Tirons la sornette d'alarme !

mardi faut se bouger et pas que le QI !

mercredi 29 septembre 2010

rendez nous l'Ulysse , gens de Tollérama

ne nous laissons pas faire :



Dans le nouveau Tollérama papier , le ciné faux file du mauvais coton :-(




ils nous ont remplacé notre Ulysse par un vieux ( comme moi ) une tête de vieux inexpressive ! marre de voir des vieux partout moi !


QUI a bien pu avoir cette idée de vieux ? ce n'est pas P. Val , c'est certain , alors QUI ?

vendredi 24 septembre 2010

mon uni vert

vendredi 10 septembre 2010

Clopine me manque !

:-((((((((((((

jeudi 9 septembre 2010

Bernie , mon voisin

lundi 6 septembre 2010

Je cherche un lien voire un lieu convivial

où discuter d'autres et de choses ! 
en notre net trop net je ne trouve pas !
qui peut me tuyauter !

vendredi 3 septembre 2010

Tirons la sornette d'alarme !

non mais !

jeudi 2 septembre 2010

mardi 31 août 2010

Clopine a fermé !

si quelqu'un même quel con pouvait éclairer ma lanterne !
vessie , vessie !
je suis triste !

lundi 14 juin 2010

et un poli gône vexé ?

Là sera mon devoir de philo du jour !

lundi 26 avril 2010

au fait , un polygame qu'on vexe a-t-il 4 cotés si 4 femmes ?

je m'interroge !

  sinon moi je suis poli gomme avec les Dames quand je joue !

samedi 17 avril 2010

Clopine victime du volcan !

Incroyable , non ?
coincée à Venise
"Un vol quand , con ? "
se demande-t-elle day after day !
Denise

mardi 13 avril 2010

Rien à dire , moi alors juste la bite à Mickey !

Sissi !
hors  cadre !

lundi 12 avril 2010

IL est livre , Max ! ( Proust )

revue aussi !
circulez , il y a tout à voir !
"Le magazine littéraire" d'avril 2010 
Spécial PROUST !

vendredi 9 avril 2010

Tout part à vos lots !

qu'ils disent tous !
( et ils défont dans le gros )
adieu beaux bâches  cotons !!
choquons qui s'en dédit !!!
Sissi !!!!


mercredi 7 avril 2010

Chacun cherche son chat : paperoles , profiteroles et rock and rôles !

Chacun regarde midi à apporte ?
ça se saurait , non ?

( lien sur Proust sous le titre )


mardi 6 avril 2010

La république des libres est morte ! bordel de merdre !

Je voulais juste que ça se sache et que ça se suce !

encore un coin coin de libéré qui part à veaux l'ho !
( le CF déjà coté perso )
aux larmes citoyens !



( j'ai choisi ce doigt d'honneurs en son ! )

lundi 5 avril 2010

Retour à l'anormal !

n'hésitez surtout pas !
la vie est trop courte !


dimanche 4 avril 2010

comment ça , les saintes j'y touche

chez moi les Seintes nient " touche ! "
à Zoë , ma bonne soeur !



Tirons la sornette d'alarme !

avant qu'il ne soit blues trottoir !!
et ceci n'est pas une sonnette !!! 
( et vissez Versace bien sûr )


jeudi 1 avril 2010

" Mettre en vieille prolongée "

Je lis là sur l'ordi tout neuf de mes 70 ans ;
c'est le printemps alors lis là je sais mais quand même !
déjà que sur ma boîte de courrier show  c'est écrit " boîte de déception " !!


let's twist again !

mardi 30 mars 2010

Sot d'homme et go mort ?

"Elle m’aperçut comme j’étais à quelques pas d’elle et, ce qui ne me laissa plus douter que j’avais été victime d’une machination, au lieu de rester assise comme pour les autres invités, elle se leva, vint à moi. Une seconde après, je pus pousser le soupir de soulagement de la malade d’Huxley quand, ayant pris le parti de s’asseoir dans le fauteuil, elle le trouva libre et comprit que c’était le vieux monsieur qui était une hallucination. La princesse venait de me tendre la main en souriant. Elle resta quelques instants debout, avec le genre de grâce particulier à la stance de Malherbe qui finit ainsi:
Et pour leur faire honneur les Anges se lever.
Elle s’excusa de ce que la duchesse ne fût pas encore arrivée, comme si je devais m’ennuyer sans elle. Pour me dire ce bonjour, elle exécuta autour de moi, en me tenant la main, un tournoiement plein de grâce, dans le tourbillon duquel je me sentais emporté. Je m’attendais presque à ce qu’elle me remît alors, telle une conductrice de cotillon, une canne à bec d’ivoire, ou une montre-bracelet. Elle ne me donna à vrai dire rien de tout cela, et comme si au lieu de danser le boston elle avait plutôt écouté un sacro-saint quatuor de Beethoven dont elle eût craint de troubler les sublimes accents, elle arrêta là la conversation, ou plutôt ne la commença pas et, radieuse encore de m’avoir vu entrer, me fit part seulement de l’endroit où se trouvait le prince.
Je m’éloignai d’elle et n’osai plus m’en rapprocher, sentant qu’elle n’avait absolument rien à me dire et que, dans son immense bonne volonté, cette femme merveilleusement haute et belle, noble comme l’étaient tant de grandes dames qui montèrent si fièrement à l’échafaud, n’aurait pu, faute d’oser m’offrir de l’eau de mélisse, que me répéter ce qu’elle m’avait déjà dit deux fois: «Vous trouverez le prince dans le jardin.» Or, aller auprès du prince, c’était sentir renaître sous une autre forme mes doutes."
( merci à Marcel Proust , lien à coté de mes boules )

A la recherche du taon perdu !

                                    l'effet cactus !  
( même pas honte )

dimanche 28 mars 2010

Vie quotidienne d'un oponcivore

samedi 27 mars 2010

Pique assiettes

vendredi 26 mars 2010

le bateau livres

hoooooooooo mon bateau !
commencez par Vian d'ox ou pas  puis trois doigts de Queneau ( pas que nouille moi malgré la rumeur cactée ) puis cinq verres de Loti pour finir sur des heures de Proust !
pas cheap ni Dalle je viens vous lire des pages Proustées sur commande uniquement !
Sissi !


jeudi 25 mars 2010

Manque de pot ?

Et maintenant ?

Oui , et maintenant ?
aurait dit Madame De Maintenon , non ?


lundi 22 mars 2010

les icônes et les I-connes

et que dire des nonnes trop ho , alors ?
( sans parler de John )


dimanche 21 mars 2010

Le Cactus Francophone , un super site à dévouvrir pour son HS

On y apprend des tas de choses
sur l'avis et la vraie vie
le lien à coté de mes boules

allez-y de ma part 
sur le CF 
vous serez bien reçu
et ne serez pas déçu !

Sissi !

                                                    une fan du CF 

euphorbe ingens

jeudi 18 mars 2010

les abstentionnistes , un beau parti, non ?

Ils sont  Parti
ils sont tous là , maintenant !
ne leur reste qu'à se trouver un chef !!
s'ils allaient tous voter pour lui 
il serait élu au premier tour !
et si je me présentais en 2012 
à défaut d'attirer leur attention
me suffit d'attirer leur abstention !!
Sissi !!!!!!!!!!!

ma photo de future campagne ?

mercredi 17 mars 2010

Cactus coitus impromptus

et sans prompteur !
Le coke en stock !

mardi 16 mars 2010

Ferrat ferré

qu'ils  vivent heureux tous deux 
nos deux poètes
l'ananar et le coco !
Mais qui va nous secouer 
les noix maintenant ?


à l'eau d'une Claire , fontaine

m'en suis allé promener cet été

Instant magique !

Votez où vous voulez mais votez

Votez leur le QI 
si nécessaire
mais VOTEZ 
et pas qu'en touche louche !
le printemps arrive !!!!!!!!
je conte sur vous !!!!!!!!!!!!!!! 

lundi 15 mars 2010

Jus d'oponce !

dimanche 14 mars 2010

Euphorbe ingens jazzifiée

Archie Shepp avant un concert
photo du fiston






jeudi 11 mars 2010

Je reste spécialiste du triple sot , c'est certain !

et j'en suis fier !
@ le sot d'ho !
@  le sot du lit !!
mais en manque un ;
à vous de trouver !
en Egypte il y a longtemps
( j'avais alors 65 ans virtuels )

mardi 9 mars 2010

Proust et Maeva , Maeva et Proust

Proust et Maeva , Maeva et Proust
( lien à coté des boules ) 

MAEVA RINKEL, Albertine disparue, Marcel Proust (A la recherche du temps perdu)
MARCEL PROUST, A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU
VI - ALBERTINE DISPARUE (LA FUGITIVE)
CHAPITRE I - LE CHAGRIN ET L'OUBLI
(...)
Comme il y a une géométrie dans l’espace, il y a une psychologie dans le temps, où les calculs d’une psychologie plane ne seraient plus exacts parce qu’on n’y tiendrait pas compte du temps et d’une des formes qu’il revêt, l’oubli ; l’oubli dont je commençais à sentir la force et qui est un si puissant instrument d’adaptation à la réalité parce qu’il détruit peu à peu en nous le passé survivant qui est en constante contradiction avec elle. Et j’aurais vraiment bien pu deviner plus tôt qu’un jour je n’aimerais plus Albertine. Quand j’avais compris, par la différence qu’il y avait entre ce que l’importance de sa personne et de ses actions était pour moi et pour les autres, que mon amour était moins un amour pour elle qu’un amour en moi, j’aurais pu déduire diverses conséquences de ce caractère subjectif de mon amour, et, qu’étant un état mental, il pouvait notamment survivre assez longtemps à la personne, mais aussi que n’ayant avec cette personne aucun lien véritable, n’ayant aucun soutien en dehors de soi, il devrait, comme tout état mental, même les plus durables, se trouver un jour hors d’usage, être « remplacé », et que ce jour-là tout ce qui semblait m’attacher si doucement, indissolublement, au souvenir d’Albertine n’existerait plus pour moi. C’est le malheur des êtres de n’être pour nous que des planches de collections fort usables dans notre pensée. Justement à cause de cela on fonde sur eux des projets qui ont l’ardeur de la pensée ; mais la pensée se fatigue, le souvenir se détruit, le jour viendrait où je donnerais volontiers à la première venue la chambre d’Albertine, comme j’avais sans aucun chagrin donné à Albertine la bille d’agate ou d’autres présents de Gilberte.
Chapitre II
Mademoiselle de Forcheville
Ce n’était pas que je n’aimasse encore Albertine, mais déjà pas de la même façon que les derniers temps. Non, c’était à la façon des temps plus anciens où tout ce qui se rattachait à elle, lieux et gens, me faisait éprouver une curiosité où il y avait plus de charme que de souffrance. Et, en effet, je sentais bien maintenant qu’avant de l’oublier tout à fait, avant d’atteindre à l’indifférence initiale, il me faudrait, comme un voyageur qui revient par la même route au point d’où il est parti, traverser en sens inverse tous les sentiments par lesquels j’avais passé avant d’arriver à mon grand amour. Mais ces fragments, ces moments du passé ne sont pas immobiles, ils ont gardé la force terrible, l’ignorance heureuse de l’espérance qui s’élançait alors vers un temps devenu aujourd’hui le passé, mais qu’une hallucination nous fait un instant prendre rétrospectivement pour l’avenir. Je lisais une lettre d’Albertine où elle m’avait annoncé sa visite pour le soir et j’avais une seconde la joie de l’attente. Dans ces retours par la même ligne d’un pays où l’on ne retournera jamais, où l’on reconnaît le nom, l’aspect de toutes les stations par où on a déjà passé à l’aller, il arrive que, tandis qu’on est arrêté à l’une d’elles, en gare, on a un instant l’illusion qu’on repart, mais dans la direction du lieu d’où l’on vient, comme l’on avait fait la première fois. Tout de suite l’illusion cesse, mais une seconde on s’était senti de nouveau emporté: telle est la cruauté du souvenir.
Parfois la lecture d’un roman un peu triste me ramenait brusquement en arrière, car certains romans sont comme de grands deuils momentanés, abolissent l’habitude, nous remettent en contact avec la réalité de la vie, mais pour quelques heures seulement, comme un cauchemar, puisque les forces de l’habitude, l’oubli qu’elles produisent, la gaîté qu’elles ramènent par l’impuissance du cerveau à lutter contre elles et à recréer le vrai, l’emportent infiniment sur la suggestion presque hypnotique d’un beau livre qui, comme toutes les suggestions, a des effets très courts.
Et pourtant, s’il ne peut pas, avant de revenir à l’indifférence d’où on était parti, se dispenser de couvrir en sens inverse les distances qu’on avait franchies pour arriver à l’amour, le trajet, la ligne qu’on suit, ne sont pas forcément les mêmes. Ils ont de commun de ne pas être directs parce que l’oubli pas plus que l’amour ne progresse régulièrement. Mais ils n’empruntent pas forcément les mêmes voies. Et dans celle que je suivis au retour, il y eut, au milieu d’un voyage confus, trois arrêts, dont je me souviens à cause de la lumière qu’il y avait autour de moi alors que j’étais déjà bien près de l’arrivée, étapes que je me rappelle particulièrement, sans doute parce que j’y aperçus des choses qui ne faisaient pas partie de mon amour d’Albertine, ou du moins qui ne s’y rattachaient que dans la mesure où ce qui était déjà dans notre âme avant un grand amour s’associe à lui, soit en le nourrissant, soit en le combattant, soit en faisant avec lui, pour notre intelligence qui analyse, contraste et image.
* MARCEL PROUST - A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU
* ALBERTINE DISPARUE

dimanche 7 mars 2010

la France , notre pays de Bisounours , n'aura plus peur !

RG est mort !
et ne me dites pas " Tintin ! "


mardi 2 mars 2010

en supprimant la marée chaussée , c'était prévisible

en supprimant la marée chaussée , c'était prévisible
on a déchaussé la marée ;
ne nous reste que l'amarrée haute
et nous sommes désarmé(e)s bas
face aux armées de bah !
aux larmes citoyens !!
Sissi !

 
( cette fut photo publiée ici il y a peu  )

ad "denda "
 
Loti se ment-il lui aussi ?

Rien à voir mais
photo ancienne de JEA/JEA 
lors d'une rencontre hot dogs :

( à venir de l'homme ici
regardez bien sa veste 
" tenez-vous à carreaux ")

lundi 1 mars 2010

la Vendée , globe "challenge " !?

on habite un pays sous développé , vraiment ! 
............................disait déjà Molière époque où il plantait le Racine club de france  bien avant nos nuits télé à tchat !
avec un petit mamamouchi ( dans la colle ) qui s'élit coptère pour mieux se faire voir aux infos en train de "voir le drame " d'en haut avec insistance des caméras sur ses rictus attristés !
que de hoooooooooooo désapprobateurs , j'espère , en notre France de Bisounours !

à bientôt !
DORMEZ-BIEN !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
le réveil sera Durr Durr disait Françoise , reine des boules liftées !  
 
 
plage Vendéenne bien avant cette tempête Shakespearienne !

dimanche 28 février 2010

La tempête en Vendée , quelle catastrophe !

que de morts , que de morts qu'on aurait pu éviter ?? !!
ainsi va l'avis !
Tempête d'une telle renommée
vous êtes bien mal en bouchers
( chantait Brassens
Wonder Bra )

jeudi 25 février 2010

Le vide

est-ce ça 



.....................ou le Sa ?

dimanche 21 février 2010

Le catcheur danse le raï

Très très courte nouvelle d'après le DJ  Salinger
( bientôt ici )
 
( Danger : ne pas m'imiter 
ni essayer de m'égaler )

samedi 20 février 2010

un peu de Proust entre deux foot !

"Mon père avait pour mon genre d’intelligence un mépris suffisamment corrigé par la tendresse pour qu’au total, son sentiment sur tout ce que je faisais fut une indulgence aveugle. Aussi n’hésita-t-il pas à m’envoyer chercher un petit poème en prose que j’avais fait autrefois à Combray en revenant d’une promenade. Je l’avais écrit avec une exaltation qu’il me semblait devoir communiquer à ceux qui le liraient. Mais elle ne dut pas gagner M. de Norpois, car ce fut sans me dire une parole qu’il me le rendit. Ma mère, pleine de respect pour les occupations de mon père, vint demander, timidement, si elle pouvait faire servir. Elle avait peur d’interrompre une conversation où elle n’aurait pas eu à être mêlée. Et, en effet, à tout moment mon père rappelait au marquis quelque mesure utile qu’ils avaient décidé de soutenir à la prochaine séance de Commission, et il le faisait sur le ton particulier qu’ont ensemble dans un milieu différent — pareils en cela à deux collégiens — deux collègues à qui leurs habitudes professionnelles créent des souvenirs communs où n’ont pas accès les autres et auxquels ils s’excusent de se reporter devant eux.
Mais la parfaite indépendance des muscles du visage à laquelle M. de Norpois était arrivé, lui permettait d’écouter sans avoir l’air d’entendre. Mon père finissait par se troubler: «J’avais pensé à demander l’avis de la Commission...» disait-il à M. de Norpois après de longs préambules. Alors du visage de l’aristocratique virtuose qui avait gardé l’inertie d’un instrumentiste dont le moment n’est pas venu d’exécuter sa partie, sortait avec un débit égal, sur un ton aigu et comme ne faisant que finir, mais confiée cette fois à un autre timbre, la phrase commencée: «Que bien entendu vous n’hésiterez pas à réunir, d’autant plus que les membres vous sont individuellement connus et peuvent facilement se déplacer.» Ce n’était pas évidemment en elle-même une terminaison bien extraordinaire. Mais l’immobilité qui l’avait précédée la faisait se détacher avec la netteté cristalline, l’imprévu quasi malicieux de ces phrases par lesquelles le piano, silencieux jusque-là, réplique, au moment voulu, au violoncelle qu’on vient d’entendre, dans un concerto de Mozart."
( LTR 0147 )
 
"Mon père avait pour mon genre d’intelligence un mépris suffisamment corrigé par la tendresse pour qu’au total, son sentiment sur tout ce que je faisais fut une indulgence aveugle."


Disons pour finir qui était le marquis de Norpois. Il avait été ministre plénipotentiaire avant la guerre et ambassadeur au Seize Mai, et, malgré cela, au grand étonnement de beaucoup, chargé plusieurs fois depuis, de représenter la France dans des missions extraordinaires — et même comme contrôleur de la Dette, en Égypte, où grâce à ses grandes capacités financières il avait rendu d’importants services — par des cabinets radicaux qu’un simple bourgeois réactionnaire se fût refusé à servir, et auxquels le passé de M. de Norpois, ses attaches, ses opinions eussent dû le rendre suspect. Mais ces ministres avancés semblaient se rendre compte qu’ils montraient par une telle désignation quelle largeur d’esprit était la leur dès qu’il s’agissait des intérêts supérieurs de la France, se mettaient hors de pair des hommes politiques en méritant que le Journal des Débats lui-même, les qualifiât d’hommes d’État, et bénéficiaient enfin du prestige qui s’attache à un nom aristocratique et de l’intérêt qu’éveille comme un coup de théâtre un choix inattendu. Et ils savaient aussi que ces avantages ils pouvaient, en faisant appel à M. de Norpois, les recueillir sans avoir à craindre de celui-ci un manque de loyalisme politique contre lequel la naissance du marquis devait non pas les mettre en garde, mais les garantir. Et en cela le gouvernement de la République ne se trompait pas. C’est d’abord parce qu’une certaine aristocratie, élevée dès l’enfance à considérer son nom comme un avantage intérieur que rien ne peut lui enlever (et dont ses pairs, ou ceux qui sont de naissance plus haute encore, connaissent assez exactement la valeur), sait qu’elle peut s’éviter, car ils ne lui ajouteraient rien, les efforts que sans résultat ultérieur appréciable, font tant de bourgeois, pour ne professer que des opinions bien portées et de ne fréquenter que des gens bien pensants. En revanche, soucieuse de se grandir aux yeux des familles princières ou ducales au-dessous desquelles elle est immédiatement située, cette aristocratie sait qu’elle ne le peut qu’en augmentant son nom de ce qu’il ne contenait pas, de ce qui fait qu’à nom égal, elle prévaudra: une influence politique, une réputation littéraire ou artistique, une grande fortune. Et les frais dont elle se dispense à l’égard de l’inutile hobereau recherché des bourgeois et de la stérile amitié duquel un prince ne lui saurait aucun gré, elle les prodiguera aux hommes politiques, fussent-ils francs-maçons, qui peuvent faire arriver dans les ambassades ou patronner dans les élections, aux artistes ou aux savants dont l’appui aide à «percer» dans la branche où ils priment, à tous ceux enfin qui sont en mesure de conférer une illustration nouvelle ou de faire réussir un riche mariage.
Mais en ce qui concernait M. de Norpois, il y avait surtout que, dans une longue pratique de la diplomatie, il s’était imbu de cet esprit négatif, routinier, conservateur, dit «esprit de gouvernement» et qui est, en effet, celui de tous les gouvernements et, en particulier, sous tous les gouvernements, l’esprit des chancelleries. Il avait puisé dans la carrière, l’aversion, la crainte et le mépris de ces procédés plus ou moins révolutionnaires, et à tout le moins incorrects, que sont les procédés des oppositions. Sauf chez quelques illettrés du peuple et du monde, pour qui la différence des genres est lettre morte, ce qui rapproche, ce n’est pas la communauté des opinions, c’est la consanguinité des esprits. Un académicien du genre de Legouvé et qui serait partisan des classiques, eût applaudi plus volontiers à l’éloge de Victor Hugo par Maxime Ducamp ou Mézières, qu’à celui de Boileau par Claudel. Un même nationalisme suffit à rapprocher Barrès de ses électeurs qui ne doivent pas faire grande différence entre lui et M. Georges Berry, mais non de ceux de ses collègues de l’Académie qui ayant ses opinions politiques mais un autre genre d’esprit, lui préfèreront même des adversaires comme MM. Ribot et Deschanel, dont à leur tour de fidèles monarchistes se sentent beaucoup plus près que de Maurras et de Léon Daudet qui souhaitent cependant aussi le retour du Roi. Avare de ses mots non seulement par pli professionnel de prudence et de réserve, mais aussi parce qu’ils ont plus de prix, offrent plus de nuances aux yeux d’hommes dont les efforts de dix années pour rapprocher deux pays se résument, se traduisent, — dans un discours, dans un protocole — par un simple adjectif, banal en apparence, mais où ils voient tout un monde. M. de Norpois passait pour très froid, à la Commission, où il siégeait à côté de mon père, et où chacun félicitait celui-ci de l’amitié que lui témoignait l’ancien ambassadeur. Elle étonnait mon père tout le premier. Car étant généralement peu aimable, il avait l’habitude de n’être pas recherché en dehors du cercle de ses intimes et l’avouait avec simplicité. Il avait conscience qu’il y avait dans les avances du diplomate, un effet de ce point de vue tout individuel où chacun se place pour décider de ses sympathies, et d’où toutes les qualités intellectuelles ou la sensibilité d’une personne ne seront pas auprès de l’un de nous qu’elle ennuie ou agace une aussi bonne recommandation que la rondeur et la gaieté d’une autre qui passerait, aux yeux de beaucoup pour vide, frivole et nulle. «De Norpois m’a invité de nouveau à dîner; c’est extraordinaire; tout le monde en est stupéfait à la Commission où il n’a de relations privées avec personne. Je suis sûr qu’il va encore me raconter des choses palpitantes sur la guerre de 70.» Mon père savait que seul peut-être, M. de Norpois avait averti l’Empereur de la puissance grandissante et des intentions belliqueuses de la Prusse, et que Bismarck avait pour son intelligence une estime particulière. Dernièrement encore, à l’Opéra, pendant le gala offert au roi Théodose, les journaux avaient remarqué l’entretien prolongé que le souverain avait accordé à M. de Norpois. «Il faudra que je sache si cette visite du Roi a vraiment de l’importance, nous dit mon père qui s’intéressait beaucoup à la politique étrangère. Je sais bien que le père Norpois est très boutonné, mais avec moi, il s’ouvre si gentiment.» ( LTR 0138 )

lundi 15 février 2010

Allez l'OL !! ( un peu de foot entre deux Proust )

LOL ?

 
Je sais :
c'est con le foot !

dimanche 14 février 2010

Véronique Aubouy , merci Clopine

voir lien à coté de mes trois boules , ma mémoire malade me l'avait faite oublier !

 
Du coté de chez Monsieur Sauzeau 
aujourd'hui aux cieux !

Proust au jardin




( Proust à Londres )

et enfin :

samedi 13 février 2010

jeudi 11 février 2010

Elle ne dormait plus, ne mangeait plus _à Clopine_

"Elle ne dormait plus, ne mangeait plus, se faisait lire les communiqués auxquels elle ne comprenait rien, par le maître d'hôtel qui n'y comprenait guère davantage, et chez qui le désir de tourmenter Françoise était souvent dominé par une allégresse patriotique; il disait avec un rire sympathique, en parlant des Allemands: "Ça doit chauffer, notre vieux Joffre est en train de leur tirer des plans sur la Comète." Françoise ne comprenait pas trop de quelle comète il s'agissait, mais n'en sentait pas moins que cette phrase faisait partie des aimables et originales extravagances auxquelles une personne bien élevée doit répondre, avec bonne humeur, par urbanité, et haussant gaiement les épaules d'un air de dire: "Il est bien toujours le même", elle tempérait ses larmes d'un sourire. Au moins était-elle heureuse que son nouveau garçon boucher qui, malgré son métier, était assez craintif (il avait cependant commencé dans les abattoirs) ne fût pas d'âge à partir. Sans quoi elle eût été capable d'aller trouver le Ministre de la Guerre.Le maître d'hôtel n'eût pu imaginer que les communiqués ne fussent pas excellents et qu'on ne se [vorapprochât pas de Berlin, puisqu'il lisait: "Nous avons repoussé avec de fortes pertes pour l'ennemi, etc.", actions qu'il célébrait comme de nouvelles victoires. J'étais cependant effrayé de la rapidité avec laquelle le théâtre de ces victoires se rapprochait de Paris, et je fus même étonné que le maître d'hôtel ayant vu dans un communiqué qu'une action avait eu lieu près de Lens, n'eût pas été inquiet en voyant dans le journal du lendemain que ses suites avaient tourné à notre avantage à Jouy-le-Vicomte, dont nous tenions solidement les abords. Le maître d'hôtel savait, connaissait pourtant bien le nom, Jouy-le-Vicomte, qui n'était pas tellement éloigné de Combray. Mais on lit les journaux comme on aime, un bandeau sur les yeux. On ne cherche pas à comprendre les faits. On écoute les douces paroles du rédacteur en chef, comme on écoute les paroles de sa maîtresse. On est battu et content parce qu'on ne se croit pas battu, mais vainqueur. Je n'étais pas du reste demeuré longtemps à Paris et j'avais regagné assez vite ma maison de santé. Bien qu'en principe le docteur nous traitât par l'isolement, on m'y avait remis à deux époques différentes une lettre de Gilberte et une lettre de Robert. Gilberte m'écrivait (c'était à peu près en septembre 1914) que quelque désir qu'elle eût de rester à Paris pour avoir plus facilement des nouvelles de Robert, les raids perpétuels de taubes au-dessus de Paris lui avaient causé une telle épouvante, surtout pour sa petite fille, qu'elle s'était enfuie de Paris par le dernier train qui partait encore pour Combray, que le train n'était même pas allé à Combray et que ce n'était que grâce à la charrette d'un paysan sur laquelle elle avait fait dix heures d'un trajet atroce, qu'elle avait pu gagner Tansonville! "Et là, imaginez-vous ce qui attendait votre vieille amie, m'écrivait en finissant Gilberte. J'étais partie de Paris pour fuir les avions allemands, me figurant qu'à Tansonville je serais à l'abri de tout. Je n'y étais pas depuis deux jours que vous n'imaginerez jamais ce qui arrivait: les Allemands qui envahissaient la région après avoir battu nos troupes près de La Fère, et un État-Major allemand suivi d'un régiment qui se présentait à la porte de Tansonville, et que j'étais obligée d'héberger, et pas moyen de fuir, plus un train, rien." L'État-Major allemand s'était-il bien conduit ou fallait-il voir dans la lettre de Gilberte un effet par contagion de l'esprit des Guermantes, lesquels étaient de souche bavaroise, apparentée à la plus haute aristocratie d'Allemagne, mais Gilberte ne tarissait pas sur la parfaite éducation de l'état-major et même des soldats qui lui avaient seulement demandé "la permission de cueillir un des ne-m'oubliez-pas qui poussaient auprès de l'étang", bonne éducation qu'elle opposait à la violence désordonnée des fuyards français, qui avaient traversé la propriété en saccageant tout, avant l'arrivée des généraux allemands. En tous cas si la lettre de Gilberte était par certains côtés imprégnée de l'esprit des Guermantes - d'autres diraient de l'internationalisme juif, ce qui n'aurait probablement pas été juste, comme on verra - la lettre que je reçus pas mal de mois plus tard de Robert était, elle, beaucoup plus Saint-Loup que Guermantes, reflétant de plus toute la culture libérale qu'il avait acquise, et, en somme, entièrement sympathique. Malheureusement il ne me [parlait pas de stratégie comme dans ses conversations de Doncières et ne me disait pas dans quelle mesure il estimait que la guerre confirmât ou infirmât les principes qu'il m'avait alors exposés. Tout au plus me dit-il que depuis 1914 s'étaient en réalité succédé plusieurs guerres, les enseignements de chacune influant sur la conduite de la suivante. Et par exemple la théorie de la "percée" avait été complétée par cette thèse qu'il fallait avant de percer, bouleverser entièrement par l'artillerie le terrain occupé par l'adversaire. Mais ensuite on avait constaté qu'au contraire ce bouleversement rendait impossible l'avance de l'infanterie et de l'artillerie dans des terrains dont des milliers de trous d'obus avaient fait autant d'obstacles. "La guerre, disait-il, n'échappe pas aux lois de notre vieil Hégel. Elle est en état de perpétuel devenir." C'était peu auprès de ce que j'aurais voulu savoir. Mais ce qui me fâchait davantage encore c'est qu'il n'avait plus le droit de me citer de noms de généraux. Et d'ailleurs, par le peu que me disait le journal, ce n'était pas ceux dont j'étais à Doncières si préoccupé de savoir lesquels montreraient le plus de valeur dans une guerre, qui conduisaient celle-ci. Geslin de Bourgogne, Galliffet, Négrier étaient morts. Pau avait quitté le service actif presque au début de la guerre. De Joffre, de Foch, de Castelnau, de Pétain, nous n'avions jamais parlé. "Mon petit, m'écrivait Robert, si tu voyais tout ce monde, surtout les gens du peuple, les ouvriers, les petits commerçants qui ne se doutaient pas de ce qu'ils recélaient en eux d'héroïsme et seraient morts dans leur lit sans l'avoir soupçonné, courir sous les balles pour secourir un camarade, pour emporter un chef [blessé, et frappés eux-mêmes, sourire au moment où ils vont mourir parce que le médecin-chef leur apprend que la tranchée a été reprise aux Allemands, je t'assure, mon cher petit, que cela donne une belle idée du Français et que ça fait comprendre les époques historiques qui nous paraissaient un peu extraordinaires dans nos classes. L'épopée est tellement belle que tu trouverais comme moi que les mots ne sont plus rien. Au contact d'une telle grandeur, le mot poilu est devenu pour moi quelque chose dont je ne sens pas plus s'il a pu contenir d'abord une allusion ou une plaisanterie que quand nous lisons "chouans" par exemple. Mais je sais poilu déjà prêt pour de grands poètes comme les mots déluge ou Christ, ou barbares qui étaient déjà pétris de grandeur avant que s'en fussent servis Hugo, Vigny, ou les autres. Je dis que le peuple est ce qu'il y a de mieux, mais tout le monde est bien. Le pauvre Vaugoubert, le fils de l'ambassadeur, a été sept fois blessé avant d'être tué, et chaque fois qu'il revenait d'une expédition sans avoir écopé, il avait l'air de s'excuser et de dire que ce n'était pas sa faute. C'était un être charmant. Nous nous étions beaucoup liés, les pauvres parents ont eu la permission de venir à l'enterrement, à condition de ne pas être en deuil et de ne rester que cinq minutes à cause du bombardement. La mère, un grand cheval que tu connais peut-être, pouvait avoir beaucoup de chagrin, on ne distinguait rien. Mais le pauvre père était dans un tel état que je t'assure que moi qui ai fini par devenir tout à fait insensible, à force de prendre l'habitude de voir la tête du camarade qui est en train de me parler subitement labourée par une torpille ou [même détachée du tronc, je ne pouvais pas me contenir en voyant l'effondrement du pauvre Vaugoubert qui n'était plus qu'une espèce de loque. Le Général avait beau lui dire que c'était pour la France, que son fils s'était conduit en héros, cela ne faisait que redoubler les sanglots du pauvre homme qui ne pouvait pas se détacher du corps de son fils. Enfin, et c'est pour cela qu'il faut se dire qu'"ils ne passeront pas", tous ces gens-là, comme mon pauvre valet de chambre, comme Vaugoubert, ont empêché les Allemands de passer. Tu trouves peut-être que nous n'avançons pas beaucoup, mais il ne faut pas raisonner, une armée se sent victorieuse par une impression intime, comme un mourant se sent foutu. Or nous savons que nous aurons la victoire et nous la voulons pour dicter la paix juste, je ne veux pas dire seulement pour nous, vraiment juste, juste pour les Français, juste pour les Allemands." De même que les héros d'un esprit médiocre et banal écrivant des poèmes pendant leur convalescence se plaçaient pour décrire la guerre non au niveau des événements qui en eux-mêmes ne sont rien, mais de la banale esthétique, dont ils avaient suivi les règles jusque-là, parlant comme ils eussent fait dix ans plus tôt de la sanglante aurore, du vol frémissant de la victoire, etc. Saint-Loup, lui, beaucoup plus intelligent et artiste, restait intelligent et artiste, et notait avec goût pour moi des paysages, pendant qu'il était immobilisé à la lisière d'une forêt marécageuse, mais comme si ç'avait été pour une chasse au canard. Pour me faire comprendre certaines oppositions d'ombre et de lumière qui avaient été "l'enchantement de sa matinée" il me citait certains tableaux que nous aimions [l'un et l'autre et ne craignait pas de faire allusion à une page de Romain Rolland, voire de Nietzsche, avec cette indépendance des gens du front qui n'avaient pas la même peur de prononcer un nom allemand que ceux de l'arrière, et même avec cette pointe de coquetterie à citer un ennemi que mettait par exemple le colonel du Paty de Clam dans la salle des témoins de l'affaire Zola à réciter en passant devant Pierre Quillard, poète dreyfusard de la plus extrême violence et que d'ailleurs il ne connaissait pas, des vers de son drame symboliste: La Fille aux mains coupées. Saint-Loup me parlait-il d'une mélodie de Schumann, il n'en donnait le titre qu'en allemand et ne prenait aucune circonlocution pour me dire que quand à l'aube il avait entendu un premier gazouillement à la lisière d'une forêt, il avait été enivré comme si lui avait parlé l'oiseau de ce "sublime Siegfried" qu'il espérait bien entendre après la guerre. Et maintenant à mon second retour à Paris, j'avais reçu dès le lendemain de mon arrivée, une nouvelle lettre de Gilberte qui sans doute avait oublié celle, ou du moins le sens de celle que j'ai rapportée, car son départ de Paris à la fin de 1914 y était représenté rétrospectivement d'une manière assez différente. "Vous ne savez peut-être pas, mon cher ami, me disait-elle, que voilà bientôt deux ans que je suis à Tansonville. J'y suis arrivée en même temps que les Allemands. Tout le monde avait voulu m'empêcher de partir. On me traitait de folle. "Comment, me disait-on, vous êtes en sûreté à Paris et vous partez pour ces régions envahies, juste au moment où tout le monde cherche à s'en échapper." Je ne méconnaissais pas tout ce que ce raisonnement [avait de juste. Mais que voulez-vous, je n'ai qu'une seule qualité, je ne suis pas lâche, ou si vous aimez mieux je suis fidèle et quand j'ai su mon cher Tansonville menacé, je n'ai pas voulu que notre vieux régisseur restât seul à le défendre. Il m'a semblé que ma place était à ses côtés. Et c'est du reste grâce à cette résolution que j'ai pu sauver à peu près le château - quand tous les autres dans le voisinage, abandonnés par leurs propriétaires affolés, ont été presque tous détruits de fond en comble - et non seulement le château, mais les précieuses collections auxquelles mon cher Papa tenait tant." En un mot, Gilberte était persuadée maintenant qu'elle n'était pas allée à Tansonville comme elle me l'avait écrit en 1914 pour fuir les Allemands et pour être à l'abri, mais au contraire pour les rencontrer et défendre contre eux son château. Ils n'étaient pas restés à Tansonville, d'ailleurs, mais elle n'avait plus cessé d'avoir chez elle un va-et-vient constant de militaires qui dépassait de beaucoup celui qui tirait les larmes à Françoise dans la rue de Combray, et de mener, comme elle disait cette fois en toute vérité, la vie du front. Aussi parlait-on dans les journaux avec les plus grands éloges de son admirable conduite et il était question de la décorer. La fin de sa lettre était entièrement exacte. "Vous n'avez pas idée de ce que c'est que cette guerre, mon cher ami, et de l'importance qu'y prend une route, un pont, une hauteur. Que de fois j'ai pensé à vous, aux promenades grâce à vous rendues délicieuses que nous faisions ensemble dans tout ce pays aujourd'hui ravagé, alors que d'immenses combats se livrent pour la possession de tel chemin, de tel coteau [que vous aimiez, où nous sommes allés si souvent ensemble. Probablement vous comme moi, vous ne vous imaginiez pas que l'obscur Roussainville et l'assommant Méséglise d'où on nous portait nos lettres, et où on était allé chercher le docteur quand vous avez été souffrant, seraient jamais des endroits célèbres. Eh bien, mon cher ami, ils sont à jamais entrés dans la gloire au même titre qu'Austerlitz ou Valmy. La bataille de Méséglise a duré plus de huit mois, les Allemands y ont perdu plus de cent mille hommes, ils ont détruit Méséglise, mais ils ne l'ont pas pris. Le petit chemin que vous aimiez tant, que nous appelions le raidillon aux aubépines et où vous prétendez que vous êtes tombé dans votre enfance amoureux de moi, alors que je vous assure en toute vérité que c'était moi qui étais amoureuse de vous, je ne peux pas vous dire l'importance qu'il a prise. L'immense champ de blé auquel il aboutit c'est la fameuse cote 307 dont vous avez dû voir le nom revenir si souvent dans les communiqués. Les français ont fait sauter le petit pont sur la Vivone qui, disiez-vous, ne vous rappelait pas votre enfance autant que vous l'auriez voulu, les Allemands en ont jeté d'autres, pendant un an et demi, ils ont eu une moitié de Combray et les Français l'autre moitié." Le lendemain du jour où j'avais reçu cette lettre, c'est-à-dire l'avant-veille de celui où cheminant dans l'obscurité, j'entendais sonner le bruit de mes pas, tout en remâchant tous ces souvenirs, Saint-Loup venu du front, sur le point d'y retourner, m'avait fait une visite de quelques secondes seulement, dont l'annonce seule m'avait violemment ému. Françoise avait d'abord voulu se précipiter sur lui, espérant qu'il pourrait faire réformer le timide garçon boucher, dont, dans un an, la classe allait partir. Mais elle fut arrêtée elle-même en pensant à l'inutilité de cette démarche, car depuis longtemps le timide tueur d'animaux avait changé de boucherie, et soit que la patronne de la nôtre craignit de perdre notre clientèle, soit qu'elle fût de bonne foi, elle avait déclaré à Françoise qu'elle ignorait où ce garçon, "qui d'ailleurs ne ferait jamais un bon boucher", était employé. Françoise avait bien cherché partout, mais Paris est grand, les boucheries nombreuses, et elle avait eu beau entrer dans un grand nombre, elle n'avait pu retrouver le jeune homme timide et sanglant."

( Proust , le temps retrouvé )

mardi 9 février 2010

Sur son IL

ELLE se remuait !
 

lundi 8 février 2010

Au bord'ELLE

IL se reposait !


vendredi 5 février 2010

Vendredi jour du poisson , prêts pour Proust "My sole consolation.."

Ma seule consolation, quand je montais me coucher, était que maman viendrait m'embrasser quand je serais dans mon lit. Mais ce bonsoir durait si peu de temps, elle redescendait si vite, que le moment où je l'entendais monter, puis où passait dans le couloir à double porte le bruit léger de sa robe de jardin en mousseline bleue, à laquelle pendaient de petits cordons de paille tressée, était pour moi un moment douloureux. Il annonçait celui qui allait le suivre, où elle m'aurait quitté, où elle serait redescendue. De sorte que ce bonsoir que j'aimais tant, j'en arrivais à souhaiter qu'il vînt le plus tard possible, à ce que se prolongeât le temps de répit où maman n'était pas encore venue. Quelquefois quand, après m'avoir embrassé, elle ouvrait la porte pour partir, je voulais la rappeler, lui dire « embrasse-moi une fois encore », mais je savais qu'aussitôt elle aurait son visage fâché, car la concession qu'elle faisait à ma tristesse et à mon agitation en montant m'embrasser, en m'apportant ce baiser de paix, agaçait mon père qui trouvait ces rites absurdes, et elle eût voulu tâcher de m'en faire perdre le besoin, l'habitude, bien loin de me laisser prendre celle de lui demander, quand elle était déjà sur le pas de la porte, un baiser de plus. Or la voir fâchée détruisait tout le calme qu'elle m'avait apporté un instant avant, quand elle avait penché vers mon lit sa figure aimante, et me l'avait tendue comme une hostie pour une communion de paix où mes lèvres puiseraient sa présence réelle et le pouvoir de m'endormir. Mais ces soirs-là, où maman en somme restait si peu de temps dans ma chambre, étaient doux encore en comparaison de ceux où il y avait du monde à dîner et où, à cause de cela, elle ne montait pas me dire bonsoir. Le monde se bornait habituellement à M. Swann, qui, en dehors de quelques étrangers de passage, était à peu près la seule personne qui vînt chez nous à Combray, quelquefois pour dîner en voisin (plus rarement depuis qu'il avait fait ce mauvais mariage, parce que mes parents ne voulaient pas recevoir sa femme), quelquefois après le dîner, à l'improviste. Les soirs où, assis devant la maison sous le grand marronnier, autour de la table de fer, nous entendions au bout du jardin, non pas le grelot profus et criard qui arrosait, qui étourdissait au passage de son bruit ferrugineux, intarissable et glacé, toute personne de la maison qui le déclenchait en entrant « sans sonner », mais le double tintement timide, ovale et doré de la clochette pour les étrangers, tout le monde aussitôt se demandait : « Une visite, qui cela peut-il être ? » mais on savait bien que cela ne pouvait être que M. Swann ; ma grand'tante parlant à haute voix, pour prêcher d'exemple, sur un ton qu'elle s'efforçait de rendre naturel, disait de ne pas chuchoter ainsi ; que rien n'est plus désobligeant pour une personne qui arrive et à qui cela fait croire qu'on est en train de dire des choses qu'elle ne doit pas entendre ; et on envoyait en éclaireur ma grand'mère, toujours heureuse d'avoir un prétexte pour faire un tour de jardin de plus, et qui en profitait pour arracher subrepticement au passage quelques tuteurs de rosiers afin de rendre aux roses un peu de naturel, comme une mère qui, pour les faire bouffer, passe la main dans les cheveux de son fils que le coiffeur a trop aplatis.
Nous restions tous suspendus aux nouvelles que ma grand'mère allait nous apporter de l'ennemi, comme si on eût pu hésiter entre un grand nombre possible d'assaillants, et bientôt après mon grand-père disait : « Je reconnais la voix de Swann. » On ne le reconnaissait en effet qu'à la voix, on distinguait mal son visage au nez busqué, aux yeux verts, sous un haut front entouré de cheveux blonds presque roux, coiffés à la Bressant, parce que nous gardions le moins de lumière possible au jardin pour ne pas attirer les moustiques et j'allais, sans en avoir l'air, dire qu'on apportât les sirops ; ma grand'mère attachait beaucoup d'importance, trouvant cela plus aimable, à ce qu'ils n'eussent pas l'air de figurer d'une façon exceptionnelle, et pour les visites seulement. M. Swann, quoique beaucoup plus jeune que lui, était très lié avec mon grand-père qui avait été un des meilleurs amis de son père, homme excellent mais singulier, chez qui, paraît-il, un rien suffisait parfois pour interrompre les élans du cœur, changer le cours de la pensée. J'entendais plusieurs fois par an mon grand-père raconter à table des anecdotes toujours les mêmes sur l'attitude qu'avait eue M. Swann le père, à la mort de sa femme qu'il avait veillée jour et nuit. Mon grand-père qui ne l'avait pas vu depuis longtemps était accouru auprès de lui dans la propriété que les Swann possédaient aux environs de Combray, et avait réussi, pour qu'il n'assistât pas à la mise en bière, à lui faire quitter un moment, tout en pleurs, la chambre mortuaire. Ils firent quelques pas dans le parc où il y avait un peu de soleil. Tout d'un coup, M. Swann prenant mon grand-père par le bras, s'était écrié : « Ah ! mon vieil ami, quel bonheur de se promener ensemble par ce beau temps. Vous ne trouvez pas ça joli tous ces arbres, ces aubépines et mon étang dont vous ne m'avez jamais félicité ? Vous avez l'air comme un bonnet de nuit. Sentez-vous ce petit vent ? Ah ! on a beau dire, la vie a du bon tout de même, mon cher Amédée ! » Brusquement le souvenir de sa femme morte lui revint, et trouvant sans doute trop compliqué de chercher comment il avait pu à un pareil moment se laisser aller à un mouvement de joie, il se contenta, par un geste qui lui était familier chaque fois qu'une question ardue se présentait à son esprit, de passer la main sur son front, d'essuyer ses yeux et les verres de son lorgnon. Il ne put pourtant pas se consoler de la mort de sa femme, mais pendant les deux années qu'il lui survécut, il disait à mon grand-père : « C'est drôle, je pense très souvent à ma pauvre femme, mais je ne peux y penser beaucoup à la fois. » « Souvent, mais peu à la fois, comme le pauvre père Swann », était devenu une des phrases favorites de mon grand-père qui la prononçait à propos des choses les plus différentes. Il m'aurait paru que ce père de Swann était un monstre, si mon grand-père que je considérais comme meilleur juge et dont la sentence, faisant jurisprudence pour moi, m'a souvent servi dans la suite à absoudre des fautes que j'aurais été enclin à condamner, ne s'était récrié : « Mais comment ? c'était un cœur d'or ! »

jeudi 4 février 2010

Arrêtez de humer (,) les filles !

mardi 2 février 2010

J'appelle ici amour une tortue réciproque !

l'épreuve :


Je crois que vraiment, ce jour-là, j’allais décider notre séparation et partir pour Venise. Ce qui me réenchaîna à ma liaison tint à la Normandie, non qu’elle manifestât quelque intention d’aller dans ce pays où j’avais été jaloux d’elle (car j’avais cette chance que jamais ses projets ne touchaient aux points douloureux de mon souvenir), mais parce qu’ayant dit : « C’est comme si je vous parlais de l’amie de votre tante qui habitait Infreville », elle répondit avec colère, heureuse comme toute personne qui discute et qui veut avoir pour soi le plus d’arguments possible, de me montrer que j’étais dans le faux et elle dans le vrai : « Mais jamais ma tante n’a connu personne à Infreville, et moi-même je n’y suis jamais allée. » Elle avait oublié le mensonge qu’elle m’avait fait un soir sur la dame susceptible chez qui c’était de toute nécessité d’aller prendre le thé, dût-elle en allant voir cette dame perdre mon amitié et se donner la mort. Je ne lui rappelai pas son mensonge. Mais il m’accabla. Et je remis encore à une autre fois la rupture. Il n’y a pas besoin de sincérité, ni même d’adresse, dans le mensonge, pour être aimé. J’appelle ici amour une torture réciproque. Je ne trouvais nullement répréhensible, ce soir, de lui parler comme ma grand’mère, si parfaite, l’avait fait avec moi, ni, pour lui avoir dit que je l’accompagnerais chez les Verdurin, d’avoir adopté la façon brusque de mon père qui ne nous signifiait jamais une décision que de la façon qui pouvait nous causer le maximum d’une agitation en disproportion, à ce degré, avec cette décision elle-même. De sorte qu’il avait beau jeu à nous trouver absurdes de montrer pour si peu de chose une telle désolation, qui, en effet, répondait à la commotion qu’il nous avait donnée. Comme – de même que la sagesse inflexible de ma grand’mère – ces velléités arbitraires de mon père étaient venues chez moi compléter la nature sensible, à laquelle elles étaient restées si longtemps extérieures et que, pendant toute mon enfance, elles avaient fait tant souffrir, cette nature sensible les renseignait fort exactement sur les points qu’elles devaient viser efficacement : il n’y a pas de meilleur indicateur qu’un ancien voleur, ou qu’un sujet de la nation qu’on combat. Dans certaines familles menteuses, un frère venu voir son frère sans raison apparente et lui demandant dans une incidente, sur le pas de la porte, en s’en allant, un renseignement qu’il n’a même pas l’air d’écouter, signifie par cela même à son frère que ce renseignement était le but de sa visite, car le frère connaît bien ces airs détachés, ces mots dits comme entre parenthèses, à la dernière seconde, car il les a souvent employés lui-même. Or il y a aussi des familles pathologiques, des sensibilités apparentées, des tempéraments fraternels, initiés à cette tacite langue qui fait qu’en famille on se comprend sans se parler. Aussi, qui donc peut plus qu’un nerveux être énervant ? Et puis, il y avait peut-être à ma conduite, dans ces cas-là, une cause plus générale, plus profonde. C’est que, dans ces moments brefs, mais inévitables, où l’on déteste quelqu’un qu’on aime – ces moments qui durent parfois toute la vie avec les gens qu’on n’aime pas – on ne veut pas paraître bon pour ne pas être plaint, mais à la fois le plus méchant et le plus heureux possible pour que votre bonheur soit vraiment haïssable et ulcère l’âme de l’ennemi occasionnel ou durable. Devant combien de gens ne me suis-je pas mensongèrement calomnié, rien que pour que mes « succès » leur parussent immoraux et les fissent plus enrager ! Ce qu’il faudrait, c’est suivre la voie inverse, c’est montrer sans fierté qu’on a de bons sentiments, au lieu de s’en cacher si fort. Et ce serait facile si on savait ne jamais haïr, aimer toujours. Car, alors, on serait si heureux de ne dire que les choses qui peuvent rendre heureux les autres, les attendrir, vous en faire aimer !